Au début, tout va bien.

Après avoir mandaté un agent (ce qui se révèlera être une bonne idée ... ou pas) utilisé avec satisfaction par d'autres navigateurs, nous nous amarrons le 5 Mars à Shelter Bay marina pour débuter les formalités.

Cela commence par la visite d' Erick Galvez l'agent en question et le paiement de la modique somme de 2200 US$. Il explique la procédure et a programmé la visite de l'inspecteur du canal pour le lendemain. L'inspecteur en question est chargé de vérifier que nous possédons ou allons avoir tout le matériel nécessaire, corne de brume, amarres, instruments de navigation, de la nourriture pour le pilote et pas que des légumes (« nous ne sommes pas végétariens au Panama » dit-il), de l'eau en bouteille scellée et pas venant du dessalinisateur, et surtout il mesure le bateau avec un décamètre. Ben oui quoi, des fois que le Belize 43 ait grandi subrepticement à l'insu de son propriétaire. Donc inspection réussie, le bateau fait bien 43 pieds et nous avons bien compris qu'il fallait bien nourrir le pilote.

Moyennant quoi nous quittons le port satisfaits avec un numéro de bateau enregistré et une date de passage fixée au 22 Mars ce qui nous laisse largement le temps de profiter une dernière fois des îles San Blas.

14 Mars : les Galapagos instaurent la quarantaine pour plusieurs pays dont la France. Le voyage d'Adrien et Veronica est compromis.

15 Mars : Le Panama est sur la liste aussi mais les bateaux qui arrivent peuvent bénéficier de la période de navigation donc ça peut encore passer pour nous.

16 Mars : la frontière des Galapagos est entièrement fermée tous les voyages sont annulés donc nous annulons l'étape Galapagos.

17 Mars : les accès à la marina de Shelter Bay où nous devons récupérer les amarres, les défenses de protection notre équipage et un aide lamaneur sont désormais interdits. Pas de bateau rentrant, ni d'annexe. L'agent dit que notre passage ne sera pas possible. Mais qu'il faut rapidement venir ancrer devant la marina des fois que la situation se débloque un peu. Vu la situation nous demandons à nos équipiers qui sont déjà à la marina de faire quelques courses supplémentaires car nous ne pourrons pas nous arrêter à Portobelo comme prévu.

18 Mars : Grande traversée donc car nous étions loin dans les San Blas, et Shelter Bay est à plus de 85 miles. Heureusement le vent est bon et bien orienté et nous bouclons cette traversée express en à peine plus de 12 heures à 7 nœuds de moyenne. A l'arrivée les nouvelles ne sont pas bonnes. L'agent nous propose de retarder à mercredi le passage soit près d'une semaine plus tard. Mais la situation se dégradant de jour en jour, il serait mieux de traverser le plus vite possible. Nos équipiers arrivés à la marina depuis quelques jours ont des informations et des idées. Il est possible de se faire livrer les amarres et les défenses et qu'ils viennent eux aussi à bord avec leurs bagages (et leurs vélos) par l'intermédiaire des bateaux qui partent pour traverser le canal puisque eux sont autorisés à sortir et n'ont pas besoin de rerentrer dans la marina.

19 Mars : après moult coups de fils, l'agent a compris et accepté la solution; les frérots ont finalement trouvé un bateau et Ghilian avec les bagages les vélos les courses les amarres et les défenses arrive sur le catamaran « Kermotu » de nantais sympathiques qui ont bien voulu les prendre à bord en sortant de la marina. Je récupère le tout avec 4 aller-retours en annexe, on a bien progressé, le moral remonte. Tristan devrait arriver demain vendredi sur un autre bateau avec le dernier ingrédient important qui nous manque : la bouteille de gaz ! Tout n'est pas encore gagné car nous apprenons entre temps que la polynésie a fermé ses accès et renvoie tous les non-résidents chez eux les obligeant parait-il à laisser leur bateau. On avait pourtant un communiqué du Haut Commissariat qui expliquait que les bateaux de plaisance ayant navigué forcément plus de 3 semaines avant d'arriver étaient acceptés moyennant une attestation supplémentaire. On verra bien.

20 Mars : douche froide à nouveau : l'agent nous informe que toutes les communications de ville à ville sont interdites par le gouvernement panaméen qui a défini des cercles de sécurité infranchissables. Il est donc incapable de nous envoyer le handliner qui nous manque. Les bateaux annulent leur traversée les uns après les autres, on ne sait même pas si Tristan pourra en trouver un pour nous rejoindre. Le moral retomberait dans les chaussettes si jamais on en portait ! Mais un peu plus tard, Tristan ditr que certains bteaux vont tout de même pouvoir traverser en se faisant livrer des handliners par une lancha (bateau navette local). Effectivement à midi on en voit une venir poser 3 handlner sur le bateau juste derrière nous. Le temps de sauter dans l'annexe qui était heureusement prête, nous avons pu le héler et le rattraper. Il est d'accord pour nous amener le gars qui nous manque dimanche 22 ou même samedi 21 car il a déjà un voyage prévu. Acord conclu, nous le paierons et le nourrirons un jour de plus mais au moins on sera sûrs de l'avoir avant dimanche. Maintenant, plus aucune prise de risques, on assure le coup au maximum. Notre agent toujours inactif accepte de maintenir notre départ à dimanche (il ne manquerait plus qu'il nous annule notre créneau), et Tristan confirme qu'un bateau peut l'amener (avec la bouteille de gaz on espère) demain. Ce coup-ci on n'est pas supersticieux mais on croise les doigts on touche du bois, s'il y avait un bossu on caresserait sa bosse... N'importe quoi mais pourvu que ça marche.

21 Mars : pas de mauvaise nouvelle au réveil, c'est presque bizarre. Vers 10h on voit un bateau sortir mais ce n'est pas celui qui doit amener Tristan notre équipier manquant avec le gaz. Le bateau mouille juste devant nous puis au bout d'un long moment nous appelle en VHF. En fait Tristan est à bord ! Nous le récupérons d'un coup d'annexe, lui et la bouteille de gaz. Explication : le bateau qui devait l'amener a finalement refusé au denier moment et il a dû trouver une solution de dernière chance, c'est le SEUL autre bateau qui est sorti samedi et il ne doit pas y avoir de sortant dimanche. La galère du jour nous est est donc restée cachée mais elle était bien là. En revanche Tristan nous dit que les marins qui devaient arriver en lancha pour le bateau Gwalarn (celui qui devait l'amener) ne peuvent pas venir et essayent d'arriver en taxi. La crainte est que ce soit justement la lancha qui doit nous amener le notre en principe entre 12 et 13 heures ? On essaye de contacter le gars , vers onze heures pas de nouvelles. Il ne répond pas aux appels, les messages whatsapp ne passent pas. L'angoisse monte un peu. Finalement il dit à 11h55 qu'il part de Colon et qu'il sera là dans 15-20 minutes. Nous sommes rassurés mais l'attente fût longue jusqu'à 13h30 qu'il arrive. Ce sont des minutes à rallonge dont on se passerait bien.

Donc ce coup-ci on s'approche du but, tout le matériel et l'équipage au complet est à bord, il ne peut normalement rien arriver...

22 Mars : c'est le grand jour. Normalement pas de galère ? Quoique; le marin que nous avons embarqué, Mauricio, dit que nous devons appeler le contrôle de Panama pour confirmer le départ. Mais notre agent n'a pas dit ça. Un échange de message plus tard, il apparaît effectivement qu'il faut les appeler mais notre agent de m.....e a juste oublié de nous le dire. C'était les presque galères du jour. Le canal a bien confirmé l'arrivée du pilote pour 14h. En fait le pilote (appelé "advisor") Carlos arrive à 14h15 et nous presse de partir et de mettre les moteurs à fond pour rattraper le cargo avec lequel on doit passer. Ils abusent un peu, déjà il n'avait qu'à arriver à l'heure. Sans trop exagérer nous mettons les gaz et aidés par le vent qui est encore à près de 30 noeuds, nous filons à 8 noeuds. Carlos est satisfait, nous rattrapons en effet le cargo à l'entrée de l'écluse. Il est arrêté et nous apprenons qu'il attend un second pilote pour traverser, nous allons donc faire des ronds dans l'eau pendant 20 minutes. C'était bien la peine de nous faire cracher les moteurs à fond. Tout n'est pas négatif, pendant l'attente nous voyons sur la berge un Enorme crocodile, au moins 4 mètres de long. Baignade non recommandée dans le lac Gatun. Puis on finit par rentrer dans la première écluse, impressionante. Des parois de 9 mètres de haut, 30 mètres de large, 324 mètres de long. Le cargo est déjà rentré, nous avons largement la place derrière lui et nous sommes le seul bateau de plaisance. La manoeuvre est assez facile, cela ressemble au canal du midi à une échelle fois dix près, sauf le fait que pour envoyer les amarres, les gars du canal nous lancent une touline (petite boule lestée avec une ficelle fine) qu'il faut bien attacher aux amarres. Le remplissage du sas, environ 200.000 m3 est très rapide mais assez doux, avec le cargo devant qui amortit un peu les remous. 3 écluses plus tard c'est l'arrivée sur le lac Gatun où nous prenons une bouée pour la nuit, juste à côté des remorqueurs. Nuit tranquille, pas beaucoup de vent et enfin plus de clapot.

23 Mars : c'est le deuxième grand jour, ce soir le Pacifique ? Réveil brutal à 6h du matin par les sirènes des remorqueurs. Pas grave, on déjeune et on attend le nouvel advisor du canal. Il arrive, s'appelle Neftali et est moins souriant que Carlos hier. Départ immédiat à 9h our 5 heures de traversée du lac Gatun au moteur, au milieu des îles et vallées envahies par les eaux de ce lac artificiel créé pour alimenter le canal. Sur les berges nous avons tout de même le temps d'apercevoir un petit crocodile et un bel iguane. Puis nous arrivons à la première écluse, San Miguel vers 13h après avoir bien nourri notre advisor avec un gros chili con carne et une bouteille d'eau . Petite difficulté : Neftali notre advisor veut que nous passions amarrés sur le bord de l'écluse amarrés sur 2 points sur tribord. Or tous les navigateurs conseillent de passer au centre de l'écluse amarrés en 4 points. Il explique qu'il sait mieux que nous, qu'il fait cela depuis 14 ans, qu'avec des équipiers novices c'est plus facile parce qu'il n'y en a que 2 à diriger etc, donc pour ne pas le froisser nous acceptons. C'est vraiment détestable de nous forcer la main ainsi sur des arguments en partie bidon : nous avons un marin professionnel qui fait cela fois par an, Mauricio, et 2 équipiers qui ont déjà fait une traversée du canal 2 semaines auparavant, de plus étant seuls en tant que bateau de plaisance, en centre d'écluse nous aurions une bonne distance par rapport aux bords et un bon angle pour les amarres. La méthode et la pression morale exercée est de ce fait une sorte de chantage : soit on fait comme il le dit, soit on insiste pour rester au milieu et on court le risque qu'étant vexé et de mauvaisze foi il fasse en sorte que cela se passe mal et démontre ainsi qu'il avait finalement raison. Donc va pour le côté tribord dans l'écluse. Nous serons devant dans l'écluse avec un énorme cargo juste derrière nous autant dire au-dessus de nous tellement il est gros. Nous amarrons assez long devant et derrière puis il s'avère que la paroi de l'écluse est très dégradée devant et que même les pare-battages ne suffiraient pas à bien protéger la coque. Nous reculons un peu et de ce fait l'amarre arrière est à la verticale de la bite d'amarrage ce qui n'est pas bien pour les efforts sur le taquet ni sur la capacité à bien garder le bateau plaqué. Au vidage de l'écluse Mauricio qui tient cette amarre la serre beaucoup trop, l'advisor ne lui dit rien nous devons donc intervenir pour lui faire relâcher plusieurs fois. A chaque fois l'arrière du bateau redescend de plusieurs centimètres prouvant qu'il était suspendu par cette amarre ! Nous finissons par sortir de cette écluse, et il y a une dizaine de minutes de trajet pour les deux dernières à passer, celles de Miraflores. Minutes mises à profit pour essayer de faire comprendre à notre Honorable Très Savant advisor que l'amarre à la verticale est dangereuse et que l'amarrage latéral est moins facile à maîtriser. Peine perdue bien sûr, il sait tout nous ne savons rien et on continue comme ça. Un connard majuscule comme on en rencontre peu. Première écluse de Miraflores : au bout de manoeuvres en avant en arrière, on est enfin amarrés, plutôt mieux que dans la première mais il faut en permanence maintenir le bateau au moteur contre le vent qui est fort et vient de l'arrière de l'écluse et empêcher qu'il ne vienne trop fort taper sur la paroi, surtout devant où c'est plus fragile. Finalement nous passons les deux écluses de Miraflores et arrivons devant le célèbre pont des Amériques qui marque le passage dans le Pacifique. Après avoir posé le Professeur Advisor Neftali sur sa pilotine, nous prenons une bouée temporairement à Balboa yacht club pour juste une heure le temps de faire tamponner nos passeports et obtenir notre sortie du territoire (Zarpe). Mais comme rien n'est simple décidément, nous avons cette Zarpe en numérique sur le téléphone transmise par notre agent qui a dit ne pas pouvoir nous la passer en papier parce que personne ne peut venir l'apporter. Sauf que tous les autres bateaux l'ont eue sans problèmes et que notre agent a même une personne sur place avec laquelle nous avons eu affaire pour une histoire de paiement de lancha manquant; encore un bon service de M. Erick Galvez, l'agent qu'il faut prendre quand on n'en a pas besoin. Armé des passeports des papiers du bateau et du Zarpe numérique, direction le bureau d'immigration de Balboa, une petite fenêtre entr'ouverte dans le bâtiment de la marina, Covid oblige. Là bien sûr, le fonctionnaire ne veut rien savoir : il faut le Zarpe en papier et c'est tout. Mais la marina est fermée, impossible d'imprimer ce fichu document, pas moyen de négocier. De guerre lasse nous repartons bredouilles, direction la marina de Playita où c'est plus calme que le Yacht club de Balboa dont les bouées sont à 77$ la nuit.

24 Mars : Rebelote, direction la marina de Playita où on espère pouvoir faire l'impression de la page en question et retourner voir le charmant mais buté fonctionnaire de Balboa. Et là pareil, tout est fermé, ils n'acceptent d'aider que les gens qui sont déjà enregistrés dans la marina. Ils nous envoient donc vers le seul quai autorisé qui est celui de Las Brisas. Après avoir posé le Professeur Advisor Neftali sur sa pilotine, nous prenons une bouée temporairement à Balboa yacht club pour juste une heure le temps de faire tamponner nos passeports et obtenir notre sortie du territoire (Zarpe). Mais comme rien n'est simple décidément, nous avons cette Zarpe en numérique sur le téléphone transmise par notre agent qui a dit ne pas pouvoir nous la passer en papier parce que personne ne peut venir l'apporter. Sauf que tous les autres bateaux l'ont eue sans problèmes et que notre agent a même une personne sur place avec laquelle nous avons eu affaire pour une histoire de paiement de lancha manquant; encore un bon service de M. Erick Galvez, l'agent qu'il faut prendre quand on n'en a pas besoin. Armé des passeports des papiers du bateau et du Zarpe numérique, direction le bureau d'immigration de Balboa, une petite fenêtre entr'ouverte dans le bâtiment de la marina, Covid oblige. Là bien sûr, le fonctionnaire ne veut rien savoir : il faut le Zarpe en papier et c'est tout. Mais la marina est fermée, impossible d'imprimer ce fichu document, pas moyen de négocier. De guerre lasse nous repartons bredouilles, direction la marina de Playita où c'est plus calme que le Yacht club de Balboa dont les bouées sont à 77$ la nuit.

24 Mars : Rebelote, direction la marina de Playita où on espère pouvoir faire l'impression de la page en question et retourner voir le charmant mais buté fonctionnaire de Balboa. Et là pareil, tout est fermé, ils n'acceptent d'aider que les gens qui sont déjà enregistrés dans la marina. Ils nous envoient donc vers le seul quai autorisé qui est celui de Las Brisas de l'autre côté de la presqu'île. Ni une ni deux, ce n'est pas très loin et la mer est calme donc ça va aller en annexe. Les cartes évoluant moins vite que les les camions qui amènent des cailloux, il y a en fait une grande digue nouvelle qui n'apparaissait pas sur les cartes pourtant récentes que nous avons. La balade est donc sensiblement plus longue que prévu, il faut encore trouver le bon quai et là un brave et zélé fonctionnaire du port de Panama nous accueille par un ; " Vous avez un gilet de sauvetage dans votre annexe ?". Comme au départ il s'agissait juste d'aller à la marina en face du mouillage c'est vrai qu'en général pour de petites distances on n'en prend pas. "Alors retournez à votre bateau le chercher" dit-il. Surtout ne pas faire de vagues avec de tels personnages et pas la peine de lui expliquer que comme je n'en ai pas je prends le même risque en retournant au bateau maintenant que si j'y retourne après avoir fait mes papiers. Allez, un quart d'heure d'annexe plus tard, retour au Ribl an dour. Du coup on lève l'ancre et on va se rapprocher du quai en question, des fois qu'il faille faire plusieurs allers-retours, on ne sait jamais n'est-ce pas ? Midi, nous voilà revenus sur le quai avec le gilet de sauvetage et là le gars nous apprend que l'immigration ferme à ... devinez ? Midi bien sûr ! Raté pour aujourd'hui, en revanche il nous autorise à aller faire des courses à 2 personnes. Justement un taxi, Luis, attend devant et il nous propose de faire les courses et même de trouver à imprimer notre Zarpe pour un prix honnête, 8$. Courses faites chez un chinois assez cher mais bien achalandé mais pas de copieur nulle part. Alors Luis très gentiment nous propose d'imprimer la page et de nous rapporter le Zarpe demain matin. Bonne chose de faite on a un plan. Du moins jusqu'au soir où vers 19h nous apprenons que le Panama sera dès demain en confinement total: les gens ne peuvent sortir qu'une heure en fonction du dernier chiffre de leur carte d'identité, sauf les plus de 60 ans qui peuvent sortir de 11h à 13h seulement. Que va-t-il advenir de notre taxi ? Aurons-nous le droit de sortir et aller à l'immigration ?

25 Mars : lever de bonne heure pour savoir ce qui se passer. Le taxi dit qu'il sera même plus tôt que prévu, à 7h10 au quai. >Mais le fonctionnaire et le militaire qui garde le quai disent qu'on ne peut y aller qu'à partir de 8h, heure d'ouverture de l'immigration. 8h pétantes, direction la marina Flamenco, et là c'est un bâtiment fantôme : des allées vides, des magasins de luxe fermés, de l'écho en marchant dans les allées de marbre, et en haut dans un bureau 2 filles de la marina qui s'ennuient. Le bureau de l'immigration est à côté mais vide et fermé. Elles ne savent pas quand il sera rouvert et me donnent le numéro de l'administration de l'immigration qui ne répond évidemment pas. Dernière chance, la petite fenêtre du bureau de Balboa qui nous avait refusé le Zarpe électronique hier. 5 minutes plus tard, toc toc, la petite fenêtre s'entr'ouvre. Nous avons bien le Zarpe en papier, les passeports, les papiers du bateau, le permis de navigation, une liste d'équipage griffonnée sur l'instant sur un coin de table, et ... "Vous n'avez pas le certificat médical du docteur Ferrer ?" Là un phénomène étrange se produit : physiquement la déception déforme mes traits et le panique se lit sur mon visage, et en même temps je suis tellement déstabilisé que j'ai envie de lui dire que je ne connais que Nino Ferrer mais cette pensée fugace est vite reléguée sous l'impérieuse nécessité de sortir de ce guêpier. Le fonctionnaire est zélé mais finalement humain : je lui explique que dans la situation actuelle il est impossible de se déplacer pour obtenir ce certificat et qu'il est nécessaire pour l'entrée mais pas vraiment utile pour la sortie. Il finit par accepter et tamponne les passeports, il garde une copie du Zarpe, tout est en ordre dit-il, "Todo listo". retour au bateau, un grand merci et $10 à Luis sans qui nous y serions encore. 10h l'ancre est relevée, on file vers Las Perlas se mettre en quarantaine et nous attaquerons la grande traversée. Enfin le Pacifique.