Archipel de la Société– Bora Bora, Tahaa, Raiatea, Huahine Moorea,


Moorea : Après avoir ramené à Papeete notre ami Pierre et ses multiples caisses de matériel récupérées de son pauvre bateau échoué, nous sommes allés faire un petit tour sur Moorea juste en face, histoire d'attendre Michel, notre ami rameur de Claouey qui arrive quelques jours plus tard à Tahiti.

Petite traversée, seulement une dizaine de milles mais le vent est comme toujours assez fort entre les îles et la mer confuse dans ce détroit. Cependant même avec ces conditions agitées nous croisons pour la première fois en Polynésie une baleine. C'est furtif et nous ne la voyons pas ressortir donc nous sommes un peu frustrés mais c'est une première. Mouillage dans le lagon au sud de la passe de Vaiare, et Tristan l'un de nos équipiers de la transpacifique qui vient d'acheter un bateau vient mouiller à nos côtés. Nous baptisons donc le nouveau bateau comme il se doit avec les produits locaux, bière Hinano et ti'punch. Nous explorons ensuite les baies de Cook et Opunohu. La configuration de ces baies est assez similaire et nous la retrouverons dans les autres îles sous le vent : une passe d'entrée permet de traverser la barrière de corail ; une fois celle-ci franchie on est à l'abri dans le lagon. Derrière le récif corallien s'étend en général un plateau plus ou moins large de sable blanc parsemé de patates de corail. C'est là qu'on trouve ces merveilleuses couleurs bleu des mers du Sud. On peut parfois mouiller sur ce plateau s'il y a assez de fond ; c'est le plus bel endroit, avec ces fonds bleus, les poissons dans le corail, les petits îlots sur la barrière de récifs (les motus), la vraie carte postale, Puis vers la côte s'ouvre une baie souvent profonde avec une petite rivière au fond qui descend de la montagne toute proche. On peut là aussi aller mouiller au fond de la baie, c'est tranquille et on est réveillé par le chant des coqs toujours nombreux sur toutes les îles. Et de là partent de belles excursions vers des sentiers de montagne, des cascades bien alimentées car il pleut pas mal sur les sommets, des belvédères offrant de splendides points de vue sur la baie et le lagon. Seul bémol, ces randonnées traversent en général des propriétés privées car toute la montagne et les vallées appartiennent à des familles. Et contrairement aux Marquises où ils laissent libre accès aux sentiers, dans les îles sous le vent certains propriétaires s'opposent au passage des randonneurs ou ne laissent le passage qu'aux groupes amenés par un guide local.

L'autre attraction à laquelle nous consacrons du temps est la promenade en palmes masque et tuba au milieu des récifs coralliens. C'est un véritable aquarium et nous avons dû acheter un gros livre sur les poissons locaux pour pouvoir les identifier tellement il y en a. Enfin nous allons parfois sur les petits motus mais ici dans les îles de la société ils sont tous privés et on a tout juste le droit de marcher sur le rivage. Nous n'en avons trouvé qu'un ou deux qui soient publics et où les gens viennent librement pique-niquer et camper (à Raiatea).

Bora Bora : La plus connue, mais à juste titre ; malgré les nombreuses photos qu'on a pu en voir, l'île est largement à la hauteur de sa réputation. A taille humaine, pas trop grande, de beaux sommets qui dominent un lagon d'un bleu intense entourant toute l'île, difficile de trouver mieux. Alors bien sûr la perfection a un prix et sur cette île enchanteresse on ne peut s'amarrer que sur les bouées payantes posées et surveillées par une boîte privée qui en a la concession (24€ la nuit). Mais c'est comme un certain nombre d'autres sites uniques où nous sommes allés et où le tarif d'accès peut sembler cher, ça vaut le coup tout de même. Les coraux et les poissons sont magnifiques et nombreux, quoique dans un des jardins de corail où nous avons plongé, les charters locaux continuent malgré les interdictions à pratiquer le nourrissage pour les attirer (au risque d'attirer aussi les requins).

Tahaa et Raiatea : Deux îles dans le même lagon. Nous avons commencé par Tahaa car c'est là que résident deux des cousins et cousines de Michel. Traditionnellement ils ont construit chacun leur maison sur le terrain familial et exploitent une vanilleraie que nous avons pu visiter. Quel travail de fourmi : il faut tous les jours aller repérer les fleurs qui s'ouvriront le lendemain, polliniser les fleurs ouvertes le matin même (en 24h c'est trop tard elles fanent), cueillir les gousses mûres, sortir les gousses en cours de séchage pour les étaler au soleil, les masser pour les rendre souples, puis les rentrer au bout de 3 heures pour les mettre au chaud dans des glacières. Et ça recommence le lendemain. Finalement on comprend le prix de cet or noir et cette vanille est l'une des meilleures du monde. L'autre spécialité de ces îles c'est la perle. Dans une ferme perlière nous avons appris le mécanisme complexe de formation des perles. C'est un peu comme pour la vanille, il y a beaucoup de main d'oeuvre, mais c'est beaucoup plus technique. A tel point que les greffeurs qui sélectionnent et introduisent les greffons et les noyaux de perles (nucleus) dans les huîtres sont tous des chinois. Mais cette année, à cause de Covid ils n'ont pas pu venir donc il y aura un petit trou de production

C'est sur Raiatea que se trouve un grand ensemble de sites traditionnels (marae), grands espaces empierrés où se tenait l'activité politique et religieuse des populations maori. Ce site de Taputapuatea comprend plus de 20 de ces maraes bien restaurés et on imagine bien face au lagon l'arrivée des pirogues des îles voisines venues célébrer quelque rite ou tenir une assemblée dans ce lieu empreint de spiritualité.

Dans la baie voisine de Faaroa qui est très profonde, nous avons pu remonter en annexe la rivière sur un peu plus d'un kilomètre jusqu'à un beau jardin botanique qui rassemble la plupart des essences d'arbres et des fleurs locales. Et sur l'autre rive nous rencontrons James qui cultive 2 hectares de champs. Il y a de tout dans ses champs : papayes, bananes, citrons, noni (un fruit utilisé pour ses propriétés médicinales), taro, igname, gingembre, curcuma, cocos. Nous prenons un régime de bananes, un peu de gingembre, de curcuma, mais au moment de payer James préférerait un troc contre une bouteille de vin. Nous en avons une à bord qu'il viendra chercher avec son va'a d'un bon coup de pagaie.


Huahine : deux petites îles reliées par un pont, une sorte de Tahiti en miniature. Une seule petite ville, Fare, où accoste le bateau ravitailleur toutes les nuits. Une jolie terrasse au bar du yacht club d'où on peut admirer le coucher de soleil (plus souvent le coucher de nuages) en buvant un punch à l'heure du happy hour (-50% sur la bière et les punches).

Des baies, des lagons, de la montagne, comme les autres. Mais sur Huahine nous avons loué des vélos pour faire le tour de la grande île. Beaux vélos tout neufs sans vitesse avec frein en retropédalage. Au début tout va bien, on force un peu face au vent qui est assez fort car le temps est et restera perturbé pendant plusieurs jours. Il y a là aussi un bel ensemble de marae qui sont plus anciens que ceux de Raiatea et le musée attenant est en construction traditionnelle et très intéressant. Autour de l'île nous voyons aussi des pièges à poissons, petits chenaux de pierre pour piéger les poissons remontant dans le lagon, dans une rivière il y a des anguilles géantes aux yeux bleus qui sont sacrées et nourries par les habitants, puis nous attaquons une côte abrupte. Nous ne pouvons que mettre pied à terre, impossible de monter avec nos vélos sans vitesses. Et au détour d'un virage nous voyons le panneau attention pente 30% !!!

Autant dire que sur la descente le frein arrière a bien chauffé.

La plus belle baie est celle d' Avea dans le sud ouest de l'île. C'est très peu construit, juste un hôtel un restaurant et quelques maisons en bord de lagon. C'est dans ce restaurant que nous mangeons le dimanche un grand repas préparé au four tahitien, une variante du four marquisien que nous avons déjà testé à Hiva Oa. Il y a de tout, du porc, du poulet du bœuf, et toutes sortes de légumes, c'est un délice. Repas à peine perturbé par une courte averse le temps de se servir au buffet, nous avons eu de la chance.