Kahoa, c'est ainsi qu'on dit bonjour aux Marquises.

Les gens d'ici sont, nous dit-on, des descendants de cannibales. Cela ne se voit pas : beaucoup moins de stress et d'agressivité qu'en métropole.

Au départ de Tahiti pour Hiva Oa, un peu d'agitation à l'aéroport : nous n'avons droit qu'à 5 kg de bagage cabine pour 10 kg en soute ; du coup je sors une trousse du bagage soute pour le mettre dans l'autre bagage. C'est ainsi que je me fais chourer en douane mon opinel en chêne de l'Hermione et mon coupe ongle.

A part ce petit incident, tout baigne ! Joël et Armand sont d'excellents compagnons, bien que le charmant Armand ne soit pas toujours très charitable ! J'aime bien le charrier et c'est réciproque.

Grosse préparation de Ribl an Dour du 15 au 20 Juillet 2021, puis appareillage pour Tahuata le 21 Juillet. A Annamohénoa, la baie de feu Steven et des raies manta, snorkling avec Armand.

Le Jeudi 23 Juillet, nous sommes de retour à Hiva Oa, à Hanamenou cette fois, où nous rencontrons Joselito le sculpteur, son épouse Tepua, ainsi qu'Eugène, Didier, Keiton et Cristal. Extraordinaire accueil. Joselito sculpte les manches d'opinel de Joël et les miens.

Le samedi 25 Juillet nous gagnons Ua Pou et nous mouillons à Hakaetau. Le Président Macron vient d'arriver à Hiva Oa et toute l'île doit être en fête. Nous avons préféré le calme de Ua Pou et sa tranquillité et nous marchons quelques kilomètres pour aller déguster le chocolat élaboré par Manfred, un Allemand de 68 ans, installé ici depuis 26 ans. Nous demeurons sur cette île le samedi, dimanche et lundi matin 26 Juillet.

J'ai beaucoup aimé Ua Pou pour ses paysages bien sûr, c'est « l'île aux piliers », des pitons fantastiques qui évoquent le pays de Mordor de l'univers de Tolkien ; mais surtout elle semble authentique : les îliens sont détendus et aiment la rencontre, pour la plupart d'entre eux. Ce petit village de Hakahetau est vraiment au bout du monde et j'aimerais y séjourner un mois ou deux cet hiver ou davantage.

Ce lundi matin, je rencontre Ataï qui m'invite à dîner ce soir pour fêter en famille l'anniversaire de son fils de 16 ans. Je retrouve Joël qui a consulté une météo favorable pour un saut de 530 miles jusqu'aux Tuamotus, appareillage prévu à 13 heures. OK, je retourne donc chez Ataï et c'est son épouse Nadia qui m'accueille. Le dîner avec moi est remis à une date ultérieure et je remets à Nadia un petit cadeau pour son fils ce soir.

13 heures, nous appareillons pour l'île de Fakarava située dans l'archipel des Tuamotus.

Mardi 27 bon vent, Mercredi 28 nous voyons souffler une baleine, le bateau marche bien, les quarts de nuits s'écoulent dans la meilleure ambiance. Jeudi 29 calme plat et nous terminerons ce trajet au moteur, durant une vingtaine d'heures. A cause du courant, il nous faut arriver Vendredi 30 vers 7 heures du matin afin qu'un léger courant et les moteurs nous permettent d'entrer dans la passe Sud de l'atoll. Cela se passe en douceur : moins de courant que prévu.

Nous gagnons Tetamanu, l'ancienne capitale administrative de l'archipel. Le lagon est impressionnant par sa taille : environ 70 km de long du Nord au Sud, sur 20 km de large. Tetamanu est maintenant très peu peuplé et nous visitons des ruines datant du milieu du 19ème siècle, l'église, le cimetière qui est très beau. Nous discutons avec quelques résidents, le ton n'est pas le même qu'aux Marquises : Tahiti n'est pas loin et je me sens davantage touriste que voyageur bienvenu.

Nous changeons de mouillage et gagnons Hirifa, un excellent mouillage, une plage de sable rose, plein de poissons de toutes les couleurs : raies aigle, raies léopard, requins gris, bordés et pointe noire, et une nuée de perroquets, chirurgiens, etc...

Le soir nous fêtons ça autour d'une boîte de caille au foie gras du Manoir d'Alexandre : le meilleur, accompagné d'un ou même deux petit punchs !

Le Samedi et Dimanche matin nous sommes toujours à Hirifa, nous plongeons et Joël m'initie au Solo, un petit skiff de mer. Je vais vous conter ça !

Du fait de mon premier métier de plongeur en archéologie, j'ai l'oreille interne bien abîmée, ce qui me vaut d'avoir été reconnu invalide à 100% il y a 40 ans. Condamné au petit fauteuil à roulettes, j'ai mis 12 ans pour réapprendre à marcher et aujourdh'ui je peux même mettre mon derrière dans un petit esquif instable sans trop dessaler. Quand je chavire à gauche je ne sais pas du tout si je dois pencher le buste vers la droite ou dans l'autre sens. Je vis tantôt le ciel sous moi, tantôt au-dessus, ou sur le côté et ça tourne dur, c'est un peu vertigineux pour tout dire. J'ai réussi à ne dessaler qu'une seule fois... quand à avancer avec ce génial bateau d'aviron, je pense qu'il faudra encore un peu de temps.

Déjà, sur le plancher des vaches c'est quelquefois un peu difficile, mais là, je ne te dis pas !

Encore aujourd'hui, si un ORL me fait un electro nystagmogramme il me dit : mais comment pouvez-vous tenir debout avec une oreille interne dans cet état ? Pas de remède à cette situation mais je trouve que la vie est belle !


Joël me dit de consigner dans ce journal le fait que l'autre jour j'ai sucré mon rhum avec de la semoule : à 75 balais et sans lunettes ça peut arriver. J'aime beaucoup Joël et le charmant Armand.

On nous a appris à être « bons » pour notre prochain, à le prendre en pitié et je déteste ça. J'aime bien être considéré comme un homme à part entière . Je dis souvent à Adrienne, ma compagne : « Adrienne, tu n'es pas charitable ! ». C'est pour moi un compliment : j'ai vu tellement de pitié dans le regard blessé de bien des gens quand je me suis retrouvé équipé de roulettes il y a 40 ans que je me régale d' être considéré comme je le suis sur ce bateau. Bon, ça manque un peu de douceur féminine : que serions-nous sans les femmes ?


Le Vendredi 30 Juillet, venant des Marquises, après une navigation de 530 nautiques sans problème, nous arrivons donc aux Tuamotus sur l'île de Fakarava.

Aux Marquises, il pleut souvent, l'eau coule à flot surles flancs des volcans. Soleil et eau font des Marquises des îles dotées d'une végétation luxuriante. Ici, par contre c'est le cagnard, peu de fruits et légumes et le tourisme semble être, directement ou indirectement, la première source de revenus des insulaires.

Nous visitons le village de Tetamanu qui fut la capitale administrative des Tuamotus dans les années1850 : magnifiques ruines, église et cimetière.

Plongée masque, tuba et palmes dans la passe Sud : raies aigles, raies léopards, mérous, un barracuda, perroquets et chirurgiens et une nuée de petits poissons. Egalement, des requins pointes noires, bordés, et gris.

Ce même jour, nous changeons de mouillage et posons notre ancre à Hirifa face à une magnifique plage de sable rose. Le lagon de Fakarova est long de 70 kms environ et de 25 kms de large.

Le samedi : plongée toujours à Hirifa où le mouillage par 2,50 m de fond est excellent.

Le Dimanche 1er Août, nous appareillons pour Rotoava, la capitale actuelle de Fakarava qui est près de la passe Nord de l'île.

Le Lundi nous regarnissons la cambuse et proposons à Gaston et Valentine des les emmener chez eux à l'anse Amyot sur l'île de Toau, où ils reçoivent des touristes en pension. Nous avons appris aux Marquises que Gaston est tombé de son bateau il y a une quinzaine de jours : la mer était forte, mais il a nagé durant des heures et s'en est tiré. Par contre, le bateau, équipé d'un moteur de 150 cv n'a pas été retrouvé.


Le Mardi 3 Août, je rencontre Valentine et Gaston qui sont arrivés hier avant nous à Toau, sur une vedette rapide. Ils m'apprennent qu'ils sont Pentecôtistes et Gaston me raconte son odyssée : Il était dans une situation désespérée mais n'a pas eu peur, il a dit : « Seigneur, fais de moi ce que tu veux ! ».

Il a enlevé son gilet de sauvetage pour être libre de ses mouvements et s'est mis à nager gaillardement vers un atoll situé à plusieurs nautiques. Il a nagé ainsi durant six heures trente, selon ses dires, et a atterri non sur le platier mais sur une minuscule plage de sable. Il est rare que le platier, autour du lagon d'un atoll, laisse place à une bande de sable, le plus souvent on atterrit en des cas semblables, sur les coraux qui avec des lames de 3 mètres, comme c'était le cas, constituent une merveilleuse rape qui vous écorche vif ! « Je me suis senti porté sur l'eau et déposé sur le sable par Dieu », me dit-il. Il raconte cela avec beaucoup de pudeur et je suis très touché par son témoignage.

Ensuite, il a marché 3 kms sur le platier pour gagner le petit village situé sur cet atoll. De là, il a téléphoné à Valentine, sa compagne, et un membre de sa famille, son neveu je crois, est venu le chercher avec un canot à moteur.

Il est certain qu'après une telle aventure, la vie n'est plus vécue de la même manière.




Le Mercredi 4 Août, nous appareillons à 11 h 30 du matin, pour l'atoll de Rangiroa, distant de 100 nautiques environ.

Nuit du Mercredi 4 au Jeudi 5 Août :

J'ai pris le 2ème quart de nuit pour permettre à Joël et Armand de bien se reposer avant d'arriver à la passe de Tiputa, couloir précis qui nous permettra d'accéder au lagon de l'île de Rangiroa.

Cette passe est dangereuse et a déjà vu quelques naufrages, le plus célèbre étant celui de Jean Lacombe. Il convient d'arriver à l'étale de basse-mer, avant la renverse de courant qui se fera vers 9 heures du matin environ. Nous aurons alors un courant rentrant qui s'établira avec le flot.

La météo prévoyait très peu de vent, mais en fait nous avons bien marché, sauf dans les dernières heures où Joël a été obligé de mettre en route l'un des moteurs. Il est minuit trente et je m'efforce de ralentir le bateau afin de ne pas arriver avant le jour ni avant l'heure de l'étale de basse-mer.

Mardi matin, Mardi soir et encore Mercredi matin j'ai eu droit à trois leçons de catéchisme données par Valentine.

Valentine croit venue la fin du monde, annoncée par le Covid et me fait lire l'Apocalypse de Jean. Il est curieux comme chacun, croyant ou incroyant, défend bec et ongles sa vérité quant au sens ou au non sens de la vie. Selon elle, le Covid va tous nous baptiser par le feu et en premier ce sont les homosexuels qui seront retirés de la vie, comme au temps de Sodome, si on en croit la Bible.

Les Justes, dit-elle, ne vont pas mourir, mais seulement mourir à ce monde, et être transportés en un autre monde bien plus agréable que celui-ci, un monde sans mal, un genre de paradis, en quelque sorte.

Je suis seul à veiller, il nous reste 28 nautiques à parcourir pour nous présenter devant la passe de Tiputa. Nous sommes en avance, ce qui est une très bonne chose !

Je repense à ce que j'ai vécu à l'anse Amyot sur cet atoll de Toau. Ce sera, sans doute pour moi, l'un des moments forts de ce magnifique voyage.

Valentine m'a conseillé de me faire baptiser Pentecôtiste à Tahiti, afin d'éviter d'aller en enfer et de faire plutôt partie de ceux qui seront sauvés. L'enfer, j'y suis depuis ma naissance, c'est ainsi que je le vis. Je ne suis pas à un baptême près et la situation me semble cocasse.

Ce qu'a vécu Gaston il y a 15 jours est un miracle. La vie est pour moi un miracle permanent.

J'ai promis à Joël et à Armand que si cette nuit nous retrouvions son bateau, je me ferais baptiser Pentecôtiste.

Il y a 20 ans déjà, j'étais depuis longtemps moine celtique et donc orthodoxe.

Au Mont Athos, au monastère de Vatopédi, j'ai rencontré un moine qui voulait absolument que je renonce à mon baptême catholique et que je reçoive le baptême orthodoxe, sinon je demeurerais à jamais en enfer. Cela m'avait fait sourire.

Au skite de Ste Anne, j'en rencontre un autre qui me tient exactement le même discours alors qu'il n'est pas en lien avec le premier. J'en souris.

Jamais deux sans trois, dit-on, merci Valentine de me faire revivre le même canular.

Je suis surpris de voir combien nous sommes enfermés en nos croyances ou en notre refus de croire en un Dieu quelconque, ce qui est encore une croyance en un non-Dieu.

Faut-il que nous doutions de nous-mêmes et de l'humain pour fonctionner ainsi. Alors, faire semblant en adoptant une croyance quelconque ? Non, merci !

Où est la confiance en l'humain et en ses potentialités, dans tout ça ?


Je me dis que toute croyance étant un rassure-ment, il serait bien possible qu'elle soit un obstacle à la foi ! Cette prise de conscience me fait grandement sourire.

Chacun mesure l'Autre à la mesure de ce qu'il est lui-même. Nous avons des points de vue et nous n'en démordons pas. Et c'est la guerre entre les femmes et les hommes, la guerre entre les hommes, la guerre entre les femmes, la guerre de générations en générations et la guerre entre jeunes et vieux. C'est aussi un combat en soi qui n'en finit pas.


Il serait si simple de prendre conscience des points à voir plutôt que d'avoir des points de vue. Pourquoi se débattre, afin de surtout ne pas venir à cela ? Avons-nous si peur d'être heureux ?


Dimanche 15 Août , nous sommes à Mooréa et touchons à la fin de ce voyage sur « Ribl an dour », Armand et moi.

Le prince Armand, plus charmant que jamais, va reprendre l'avion le 19 Août au matin pour Paris Orly, et je vais pour ma part en prendre un pour retourner aux Marquises. Béatrice et les enfants doivent arriver à Tahiti le 26 Août et prendre la relève équipage. C'est l'heure d'un petit bilan...


Le Mercredi 21 Juillet, nous avons quitté Hiva-Oa, juste avant que le Président Macron n'arrive sur cette île, non pour le fuir, mais parce que nous aspirions à une certaine tranquillité.

C'était la première fois qu'un Président de la République Française visitait cet archipel, et ce fut l'occasion de grandes agapes, tant pour les habitants de l'île que pour les délégations des autres îles qui étaient toutes invitées à participer aux danses et aux festivités. Nous avons assisté à la préparation de cet événement important pour les Marquisiens.


Nous sommes donc partis visiter l'île de Tahuata, au Sud de Hiva-Oa, puis nous sommes revenus à la pointe Nord-West de Hiva-Oa rendre visite à Joselito le sculpteur et à son épouse Tépua. Joël avait sympathisé avec eux l'an dernier et ramenait à Joselito des gouges de sculpture. C'est un plaisir, pour rencontrer le pays, d'être guidé par Joël : nous nous sommes sentis accueillis par ce couple avec une réelle chaleur.


Le 24, 25 et 26 nous découvrons à notre tour, après que le Capitaine Etienne Marchand l'ait découverte une première fois en Juin 1791, l'île de Ua-Pou. Je tombe amoureux du village de Hakahetau dans la baie du même nom. Cette baie, Marchand l'avait baptisée « anse de possession » car c'est là qu'il avait apposé une plaque de cuivre sur un cocotier, qui indiquait qu'il prenait possession de cette île pour le compte du roi de France Louis XVI, alors en grand danger de mort. Ua-Pou, fut baptisée alors « Ile Marchand ». Cette île me rappelle beaucoup l'univers de Tolkien, et ses piliers de basalte ont un côté sinistre qui fait penser au pays de Mordor.

Le Lundi 26 au matin, je rencontre Ataï puis sa compagne Nadia et je suis invité le soir à dîner, afin de participer à la célébration du 16ème anniversaire de leur fils de 16 ans.

Juste après, je rencontre Joël qui a décidé, météo oblige, d'appareiller à 13 heures pour l'île de Fakarava qui est située à 530 milles d'ici, traduisez par environ 1000 kms. Pour une telle trotte, si les conditions météo sont bonnes, pas question évidemment de remettre à plus tard.

Donc, pour moi, la fête au domicile d'Ataï a été remise à une date ultérieure, et une fois à Tahiti, je prévois de mettre le cap sur Hakahetau par avion.

Armand me dit : « que vas-tu faire sur cette île durant plusieurs mois, tu vas t'emmmerder ! ».


Je ne crois pas Armand, je vais vivre au sein d'une famille marquisienne, pêcher, chasser, partager leurs activités, leurs joies et leurs difficultés sans doute aussi, partager une vie simple qui est la mienne depuis 40 ans.


Ensuite, nous avons visité quelque peu les Tuamotus : L'île de Fakarava, celle de Toau, puis Rangiroa. Après, nous sommes arrivés dans les îles de la Société : visite de Bora-Bora, de Mooréa, puis retour à Tahiti dans quelques jours.

Tout cela fut magnifique et passionnant.

Les Marquises, ce sont des îles montagneuses qui tombent dans la mer. La nature y est généreuse, les rivières et cascades nombreuses amènent une végétation luxuriante, fruits, légumes, poisson et une vie plus « sauvage ».

Les Tuamotus sont des îles de corail au ras de l'eau, le poisson est abondant, mais la pluie est rare. Elle est recueillie précieusement dans des citernes. Le lagon est situé au centre de l'atoll et la population semble beaucoup plus dépendante du tourisme que celle des Marquises.

Les îles de la Société sont constituées de montagnes, comme les Marquises, mais elles sont entourées d'un récif de corail qui constitue un lagon. C'est la montagne et surtout son pourtour qui est habité. Le récif n'est pas habitable comme c'est le cas aux Tuamotus, mais constitue une protection efficace en cas de mer forte. Elle serait cependant dérisoire en cas de tsunami.

Plus on se rapproche de Tahiti et plus l'économie locale dépend du tourisme.

J'aime les Marquises pour son authenticité et j'espère aller assez bien pour y demeurer quelques mois.


J'ai été opéré in extremis, il y a 10 ans d'un cancer particulièrement virulent ( agressivité 9 sur une échelle 10) et suis considéré par le professeur qui me suit comme un cas « peu commun ». Chaque année, il me dit « vous êtes encore vivant, vous ? ». Il y a 3 ans fin de rémission, le cancer repart et depuis je refuse rayons, hormonothérapie et tout le bazar. Je préfère continuer à vivre debout et dignement le temps qui me reste à vivre en cette vie, tant pis si cela abrège la durée possible d'une survie obligatoirement grabataire. C'est mon choix !

Il y a 10 ans, le professeur Fournier me disait : « Vu le stade où vous en êtes, je ne suis pas sûr que le couteau va pouvoir passer. N'espérez-pas que si j'arrive à vous opérer vous serez guéri de ce cancer. Ce que je cherche, c'est vous éviter une agonie fort douloureuse d'ici 2 ou trois mois. »


Désolé Docteur, mais vous n'êtes pas le maître de la vie et de la mort... Certes, cette vie ne m'appartient pas. J'en suis seulement l'usufruitier et à ce titre j'en suis le seul responsable. Je ne me souviens pas avoir programmé ma naissance en cette vie, et pas plus que vous je ne puis dire quand cette aventure s'arrêtera.

« Vous avez raison », m'avait-il répondu.



Depuis 10 ans, c'est tout bénéfice ! Merci Dr Fournier.


Je remercie Joël, Béatrice et « Rib'l an dour » pour ce merveilleux voyage. Je remercie également Armand, pour ce mois si riche et si dense.

Je remercie aussi Adrienne et le Docteur Rosenstein qui m'accompagnent par le cœur, ainsi que tous mes amis, frères et sœurs du monastère du Gai-rire.


J'espère aussi qu'Adrienne et le bon Docteur me rejoindront à UA-POU d'ici quelques mois, si tout va pour le mieux, enfin, côté COVID et côté santé.


Pour plus d'informations, lecteur, ou lectrice, tu peux taper sur Google « monastère laïc », il y est question d'une double traversée de l'Atlantique qui fut également extraordinaire.


frère Abel